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Femmes et filles de science : Lutter contre les préjugés, encourager l'excellence
Il se dresse un écart considérable entre les sexes dans les domaines de la science, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STIM). Le fait est que les filles et les femmes ne sont pas beaucoup à s’orienter ni à évoluer dans ces domaines. Pourtant, la journée internationale des femmes et des filles de science, qui se tient chaque 11 février, vise à renverser cette tendance.
« Dans une femme, la science est déplacée ». Cette affirmation de Casanova (1725-1798) dévoile clairement un préjugé qui ne date pas d’hier. Il s’agit de la prétention selon laquelle le cerveau des femmes ne peut concevoir l’abstraction. En effet, beaucoup ont tendance à croire que les femmes n’ont pas assez de capacités intellectuelles pour évoluer dans le champ scientifique. Ce qui explique, entre autres, le fait que peu de filles et de femmes empruntent cette voie. D’après les statistiques révélées par l’UNESCO, il n’y a que 35% de femmes qui soient des étudiantes dans les domaines d’études liés à la science, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STIM). De plus, le pourcentage moyen de chercheuses au niveau mondial est de 33.3%. Et, tout porte à croire que cette sous-représentation découle des stéréotypes sexistes prédominants.
Les stéréotypes sexistes liés aux domaines d’études
En effet, les filles sont moins encouragées dans les domaines des STIM. Leurs choix s’avèrent limités concernant leur éducation et leur carrière. Toutefois, aucun testament d’Adam ne soutient que celles-ci soient incompétentes dans ce domaine. Au contraire, dans un article de Cairn Info titré « Pourquoi y a-t-il si peu de femmes en science ? », Thomas Breda avance que : « La carence de femmes en sciences dures ne peut […] venir que de l’offre : les filles choisissent d’elles-mêmes moins souvent que les garçons les études et les métiers scientifiques ». Il ne s’agit donc pas de manque de compétences. D’ailleurs, il est évident que la tendance consiste depuis longtemps à écarter les filles des sciences dures. Ce qui se fait depuis sur les bancs de l’école.
Beaucoup clament, et sont même persuadés, que ce domaine est affaire d’hommes. Et, les filles et les femmes du coup s’investissent très peu dans des matières comme les mathématiques. On ne s’étonne donc pas qu’elles soient également moins susceptibles de s’inscrire pour des études dans des domaines de STIM. Il est un fait que les choix individuels ne sont pas indépendants des représentations sociales de l’entourage (immédiat). Selon, Statista basée sur les données de la Fondation Nobel, seuls 6,3 % des lauréats des prix Nobel décernés entre 1901 et 2022 étaient des femmes. Durant cette période, 60 femmes ont reçu la prestigieuse distinction, contre 894 hommes. Cependant, il y en a, des femmes dont l’apport a été considérable pour et dans la communauté scientifique.
L’écart des sexes dans le champ scientifique
Comme le soutient Rossiter (2021), il suffit de regarder dans les archives scientifiques pour voir que les femmes ne sont pas moins productives scientifiquement que les hommes, du moins dans la mesure de leurs opportunités. Toutefois, l’on tend à promouvoir les exemples masculins de professionnels comme ingénieurs et scientifiques. Parallèlement, les femmes sont beaucoup plus représentées comme des enseignantes, des infirmières, etc.). Elles s’orientent beaucoup plus vers les sciences dites molles, comme les sciences de la vie. D’après la Banque Mondiale (2022), les femmes ne représentent encore que 28% des diplômés en ingénierie et 40% des diplômés en informatique, et dans des domaines tels que l’intelligence artificielle, seul un professionnel sur cinq est une femme. Et, aujourd’hui, en dépit de la disparition de certaines barrières institutionnelles, la participation des femmes à la production scientifique reste marginale (Boutillier, Laperche, 2007)
Toute une partie de la production du savoir reste largement contrôlée par le groupe des hommes et assure durablement leur domination [Godelier, 1996 ; Tabet, 1998]. En Haïti, la situation est encore plus alarmante puisque les femmes sont beaucoup moins nombreuses à faire une carrière universitaire. En effet, « le manque de représentativité des femmes est […] dû à la faible présence des femmes dans l’enseignement supérieur haïtien en général et, de manière plus générale, au faible pourcentage des femmes ayant conduit des études de second et de troisième cycle en Haïti [1] ». Par ailleurs, certains champs sont carrément féminisés, et ce sont surtout des « petits » métiers. D’après Sabine Lamour, le rôle des femmes dans l’économie haïtienne est en grande partie cantonné dans celui du travail informel ou de service, souvent à l’écart des centres de décision.
L’inclusion des filles et des femmes dans les sciences
Pourtant, il serait essentiel de « recruter et employer de façon permanente des scientifiques et des ingénieurs de sexe féminin, dans la mesure ou il en résulterait une plus grande diversification des points de vue, des priorités et des styles de travail, ainsi que des compétences mises en contribution » (McGregor et Harding, 1996a). D’autant plus que les domaines de STIM sont considérés comme essentiels pour les économies nationales. Ce qui sous-entend que cet écart important entre les sexes constitue un frein pour le développement. D’ailleurs, c’est pour inverser cette tendance que la journée internationale des femmes et des filles de sciences se tient chaque 11 février.
Adoptée par l’Organisation des Nations Unies (ONU) en 2015, cette date rappelle que les femmes jouent un rôle indispensable dans la communauté scientifique. « Les activités et célébrations organisées partout dans le monde dans le cadre de cette journée visent à sensibiliser la société civile et les pouvoirs publics sur les accomplissements des femmes de science, tout en encourageant les nouvelles générations de filles à relever de nouveaux défis scientifiques » explique l’UNESCO. Il est donc à espérer que les filles et les femmes soient de plus en plus sensibilisées et éduquées de sorte qu’elles brisent toutes les frontières (autrefois) mises dans les domaines de la science.
Leila JOSEPH
[1] Ketty Balthazard-Accou, Guerlande Bien-Aimé, Jasmine César, Jean-Jacques Cadet, Raulin Lincifort Cadet, Francklin Benjamin et Bénédique Paul, « Les crises, les femmes et la production scientifique en Haïti : une exploration », Études caribéennes [En ligne], 56 | décembre 2023, mis en ligne le 15 décembre 2023, consulté le 09 février 2024. URL : http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/29284 ; DOI : https://doi.org/10.4000/etudescaribeennes.29284
Sources
Boutillier, S. et Laperche, B. (2007). La place des femmes dans la recherche : Apprentissage, production et valorisation des connaissances. Marché et organisations, 3 : 61-67.
EHNE ;