Banj Media, est un média inclusif et alternatif qui s’adresse aux générations connectées. À travers nos missions, nous nous engageons à fournir à notre public des informations, des analyses, des opinions et des contenus captivants qui reflètent la diversité et les intérêts de la jeunesse haïtienne.
Djenny-Flore Bien Aimé : Une histoire redéfinie par le bénévolat
Djenny-Flore Bien Aimé est cette jeune activiste sociale et leader dont le bénévolat a redéfini l’histoire. Ayant grandi dans un quartier populaire de mauvaise renommée au Cap-Haïtien, elle était coincée, timide, voire désorientée. Toutefois, elle allait enchaîner des expériences bénévoles qui lui ont beaucoup apporté tant en développement personnel que professionnel.
« N’allez pas là où le chemin peut mener. Allez là où il n’y a pas de chemin et laissez une trace ». Cette citation de Ralph Waldo Emerson traduit l’histoire de vie de Djenny-Flore Bien Aimé. Née au Cap-Haïtien le 14 février 1996, cette jeune fille a grandi dans un quartier populaire de mauvaise renommée. « Les gens de la zone avaient un niveau d’éducation peu élevé. Aussi étaient-ils souvent perçus comme des gens de mauvaise vie », explique-t-elle, dans un entretien accordé à Banj Media. C’est d’ailleurs pourquoi sa famille ne voulait pas qu’elle se fasse des amis ni qu’elle sorte, afin de la préserver des mauvaises influences. « Ma famille était tellement stricte et surprotectrice avec moi que j'étais coincée, timide et réservée, et je ne pouvais m’impliquer dans aucune activité », confie-t-elle. « Cependant, le fait que j’ai grandi dans une famille à faibles moyens qui a quand même priorisé mon éducation m’a toujours marquée. Je me suis dit que je devais les rendre fiers de moi » partage la jeune Capoise.
Une jeune fille engagée
Si Djenny-Flore nourrissait en elle un tel désir, elle allait bientôt joindre les actes aux mots. « J’ai commencé à m’impliquer quand j’étais en classe terminale, dans des comités notamment, mais c’est surtout plus tard que j’allais vraiment m’engager » raconte t-elle. Celle-ci a fait ses débuts au sein de la Croix-Rouge Haïtienne. Des débuts qui s’avéraient être difficiles. « J’étais très timide, j’avais du mal à m’engager, à prendre la parole. Mais, j’ai commencé à faire beaucoup d’efforts jusqu’à être reconnue comme l’une des plus actives de la structure », fait-elle savoir. Et c’est ainsi qu’elle commença à gravir les échelons dans le bénévolat. « Ma motivation et mon engagement n’étaient pas inaperçus. On m’avait proposé d’aller aux élections. Quand j’y suis allée, j’ai été élue présidente de la Croix-Rouge Jeunesse », reconnaît celle-ci. Un engagement que Djenny-Flore prit au sérieux. Ce faisant, elle a initié plusieurs activités en mobilisant toutes les ressources dont elle disposait. Celle-ci allait être plus tard promue coordonatrice de la Croix-Rouge Jeunesse.
« Je suis devenue des plus remarquables de la structure. J’allais représenter la Croix-Rouge Jeunesse dans d’autres départements. Ce qui m’a permis de bénéficier de beaucoup d’avantages : compétences et connaissances, ressources humaines et matérielles, développement personnel, sens de leadership etc. », Pourtant, elle a intégré la structure dans une période assez difficile de sa vie. Elle a échoué aux examens en sciences infirmières où elle avait déjà passé une année. Et, elle a décidé d’abandonner ce champ pour se lancer dans un autre domaine. « J’étais en période de transition. Je me cachais toujours de mes anciennes camarades de l’école des infirmières », confesse-t-elle. Toutefois, ses expériences en tant que bénévole allaient renforcer sa confiance et son estime de soi, mais surtout allait l’aider à construire sa carrière. « Grâce aux ressources que j’ai pu trouvées dans la Croix-Rouge Jeunesse, j’ai décidé de lancer ma propre association : l’Association d’Aide aux démunis (AAD) », affirme-t-elle. Cette structure émane d’une idée que cette dernière chérissait déjà en école classique.
Une vie mise au service de la communauté
« Devant la cathédrale de Port-au-Prince était assise Madame Jacqueline, une femme démunie que je connaissais depuis la septième. Chaque fois que je me rendais à l’école, je passais lui donner de la nourriture que je prenais dans ma boîte à lunch. Cependant, je me suis toujours dit que je voulais lui apporter une aide plus considérable dans quelques années », confie celle qui veut toujours apporter son aide. AAD s’inscrivait dans cette démarche certes mais elle s’était rebaptisée, une façon de porter plus de solutions aux problèmes majeurs de la société. Elle devient l’Association d’Acteurs de Développement, une organisation à but non lucratif axée sur le développement communautaire. « Des années avant, je ne me voyais pas comme un jeune leader qui s’implique dans sa communauté ». Pourtant, c’est à cela que Djenny-Flore consacre même sa carrière. Diplômée en gestion, son parcours professionnel s’est surtout concentré sur les activités sociales et communautaires. D’ailleurs, elle a participé à plusieurs formations en leadership et bonne gouvernance, entre autres. Actuellement, elle fait son master en coopération et aide humanitaire.
Jeune activiste sociale, la jeune gestionnaire est membre de diverses structures à travers le pays, comme la Jeune Chambre Internationale (JCI), LEVELLES UP, Coding Club Kafou, ainsi que des organisations internationales. Voulant apporter une contribution significative à la société, elle entend promouvoir une société inclusive où tous les jeunes bénéficient de l’égalité des chances. Pour ce faire, elle s’engage notamment dans la promotion de l’égalité des genres dans l’éducation. « J’ai beaucoup bénéficié durant mon parcours dans le bénévolat. Ce dont j’ai bénéficié, je veux les faire bénéficier également à d’autres jeunes », clame t-elle. Ce que confirme Anide Jonatas, une jeune volontaire qui a l’habitude de la côtoyer. « Djenny-Flore ne cesse d’encourager d’autres jeunes à s’engager et à faire du bénévolat. Elle vante toujours les bienfaits de cette expérience dans sa vie et elle a tendance à vouloir inciter autrui à faire eux-mêmes leur propre expérience et à jouir des avantages », confie celle qui a été bénéficiaire d’une formation d’AAD.
Une histoire redéfinie par le bénévolat
En effet, Djenny-Flore accumule avec brio des expériences bénévoles, notamment avec Oxfam France, Emergelead Haiti, International Summer Camp… Pourtant, elle estime avoir encore un long chemin à parcourir. « Tout ce que je fais, je le fais en fonction de la carrière dans laquelle je veux évoluer. Il n'y a pas une formation ni une activité bénévole à laquelle je participe par pur hasard », souligne t-elle. Ce qui n'est pa étonnant car à en croire Anide, « en tant que leader, Djenny-Flore est un visionnaire. Elle se fixe toujours des objectifs à moyen terme et à long terme dans tout ce qu’elle fait. Elle définit toujours dans le temps ce que chaque expérience devrait apporter dans sa vie ». C’est à cela qu’elle encourage également d’autres jeunes, particulièrement les membres de son staff. Olivier Estelon en est la preuve vivante. J’ai intégré AAD en février 2022, je suis devenu ensuite délégué du département culturel, puis graphiste. Actuellement, je suis responsable des finances. Cela prouve comment AAD permet aux jeunes de s’impliquer et d’explorer leur plein potentiel, affirme-t-il dans un interview accordé à Banj Media.
Le jeune membre de l’Association ne mâche pas ses mots pour parler des avantages à travailler auprès de Djenny-Flore. « Quoiqu’elle n’aime pas se mettre au devant de la scène, Djenny-Flore se met toujours à fond dans toutes les activités. Elle est celle qui vise toujours la perfection et tient à ce que chaque tâche soit effectuée avec un standard international. Elle met toujours haut la barre », informe Olivier. Ce que confirme Anide : « Djenny-Flore ne fait rien avec négligence. Quoiqu’elle fasse, elle le fait en grande pompe. Que l’activité soit de grande envergure ou non, elle y met toute son énergie ». Si tant d’éloges sont faites de la jeune leader, elle garde pourtant son humilité. « Je dois beaucoup au bénévolat. Tout ce que j’ai pu apprendre, toutes les ressources dont je dispose et les opportunités auxquelles j’ai pu accéder, c’est grâce à mes expériences de bénévolat » reconnaît-elle. C’est pourquoi elle persiste à motiver chaque jeune à enchaîner ces expériences afin d’atteindre leurs objectifs. Pour sa part, son histoire, quoiqu'autant inspirante, promet de plus belles pages dans la suite.
Leila JOSEPH